Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/525

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— Non, Simon ; vous ne connaissez rien à cette espèce-là. Vous pouvez le tuer pouce à pouce, mais vous n’en tirerez pas un mot de repentir.

— Nous verrons ! Où est-il ? dit Legris en sortant.

— Dans le hangar du magasin, » répondit Cassy.

Legris, quoiqu’il eût si résolument parlé à Cassy, s’éloigna de la maison avec un doute qui ne lui était pas ordinaire. Ses rêves de la nuit passée, venant se mêler aux prudentes suggestions de Cassy, lui obsédaient l’esprit. Il décida que personne ne serait témoin de son entrevue avec Tom, et se promit, s’il ne pouvait le soumettre par la menace, d’ajourner sa vengeance à une époque plus favorable.

À travers le grossier vitrail de la grange où gisait Tom, la douce lumière de l’aube, la gloire angélique de l’étoile du matin avaient pénétré, semblant apporter avec elles ces paroles solennelles : « Je suis la tige et le rejeton de David ; je suis l’étoile brillante du matin ! » Les réticences, les avis mystérieux de Cassy, loin d’abattre son âme, l’avaient fortifiée, comme un appel d’en haut. Il ne savait si c’était le jour de sa mort qui se levait au ciel, et son cœur palpitait de joie et de désir en songeant à toutes les merveilles, sujet constant de ses méditations. Le grand trône blanc, entouré de son arc-en-ciel toujours radieux, la multitude en robe blanches, murmurante comme le bruit des grandes eaux, les couronnes, les palmes et les harpes d’or, pouvaient tous éclater à sa vue avant le coucher du soleil ! Il entendit donc, sans effroi et sans frisson, la voix de son persécuteur au moment où il approcha.

« Eh bien ! mon garçon, dit Legris en le frappant avec mépris du pied, comment te va ? Ne t’avais-je pas prédit que je t’apprendrais une chose ou deux ? T’en trouves-tu bien ? La leçon te plaît-elle ? tes geignements t’ont-ils profité ? Es-tu tout à fait aussi crâne que tu