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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/80

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AURORA FLOYD

— Tout à fait mort, — répondit le marin ; — il était mort quand je l’ai trouvé, bien que cela n’ait pas été plus de dix minutes après la détonation. J’ai laissé un homme avec lui, un jeune homme qui m’a amené de Doncastre, et un chien qui veillait à ses côtés en poussant des hurlements sinistres, et qui n’a pas voulu le quitter.

— Avez-vous… vu… le visage de cet homme ?

— Oui.

— Vous êtes étranger ici, — dit Mellish ; — il est donc inutile de vous demander si vous savez qui est cet homme.

— Non, monsieur, — répondit le marin, — je ne le connaissais pas, mais le garçon du Grand Cerf

— L’a reconnu ?

— Oui ; il dit avoir vu cet homme à Doncastre, pas plus tard qu’hier soir, et qu’il était à votre service en qualité de… d’entraîneur ; je crois que c’est l’expression dont il s’est servi.

— Oui, oui.

— Il boitait.

— Allons, messieurs, — dit John s’adressant à ses amis, — qu’allons-nous faire ?

— Il faut envoyer les domestiques au bois, — répliqua le Colonel, — et faire transporter le cadavre…

— Pas ici, — fit Mellish en l’interrompant, — pas ici ; cela tuerait ma femme.

— Où demeurait-il ? — demanda le Colonel.

— Il habitait à la porte du nord, le cottage élevé près des grilles qui ne servent plus aujourd’hui.

— Alors qu’on y porte le cadavre, — reprit l’officier indien. — Que l’un de vos gens aille prévenir le constable de la paroisse, et l’on ferait bien d’envoyer chercher tout de suite un chirurgien, quoique, d’après ce que dit notre ami que voici, il y en aurait cent qu’ils ne lui seraient d’aucun secours. C’est une terrible affaire ! une querelle avec les braconniers, sans doute.

— Oui, oui, — se hâta de répondre John, — sans doute.

— Est-ce que cet homme n’était pas aimé dans le pays ?