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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome I.djvu/232

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

avait été engagée à Valentin, Sheldon s’était montré très-pointilleux avec sa belle-fille.

Les endroits où elle allait et les personnes qu’elle fréquentait, l’occupaient beaucoup, comme des choses très-importantes.

Quand il parlait de cela, il donnait à entendre que ses idées avaient toujours été les mêmes depuis l’époque où Charlotte avait quitté la pension, mais Charlotte savait bien que ce n’était pas exact.

Les théories de Sheldon avaient été beaucoup moins sévères, et Sheldon avait montré beaucoup plus d’insouciance avant que Mlle Halliday fût devenue la fiancée de Valentin.

Une maîtresse de pension n’aurait pu être plus attentive aux moindres actions de ses élèves, plus en garde contre ces loups sous une peau d’agneau, le professeur de chant ou celui de dessin, que Sheldon ne l’était devenu.

Il n’y avait pas jusqu’à ces agréables promenades dans les jardins de Kensington, qui avaient été la récréation de chaque jour, qui ne fussent maintenant interdites.

Sheldon ne voulait pas que sa belle-fille se montrât dans une promenade publique en la seule compagnie de Diana.

« Il y a quelque chose qui n’est pas convenable dans ces sortes de promenades pour deux jeunes filles seules, du moins selon moi, dit-il un matin au déjeuner de famille. Il ne me convient pas de laisser ma belle-fille faire ce que je ne permettrais pas à ma propre fille. Et si j’avais une fille je lui défendrais formellement de se promener seule dans les jardins de Kensington. Voyez-vous, Charlotte, deux jeunes filles aussi séduisantes que