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LA FEMME DU DOCTEUR

santes et la ruelle où s’élevait la maison de George était boueuse ; mais, comme il le dit, ce n’était qu’à cinq ou dix minutes de chemin, et personne à Graybridge n’aurait eu l’idée de louer une voiture pour un trajet si court.

Ils se rendirent donc à pied chez eux, suivis par un haquet chargé de leurs bagages, et quand ils furent à la porte, ils ne trouvèrent qu’une faible lueur dans la lanterne rouge au-dessus du laboratoire. Tout le reste était dans l’obscurité ; car la lettre écrite par George à Jeffson avait été jetée trop tard à la poste et les époux n’étaient pas attendus. Chacun se représentera le froid glacial que comporte ce seul fait. Il n’y avait pas de feu dans les chambres, aucun préparatif de joyeuse réception, et l’atmosphère était imprégnée d’une vague odeur de potasse, qui révélait un récent nettoyage. Mathilda était plongée jusqu’aux coudes dans un baquet quand le jeune maître de la maison sonna chez lui et elle sortit les bras blancs d’écume de savon et le visage malpropre pour recevoir les jeunes mariés. Elle apporta une chandelle fumeuse au parloir et s’agenouilla pour allumer le feu, tout en exprimant son étonnement de l’arrivée inattendue de Gilbert et de sa femme.

— Mon mari est allé faire des emplettes à Conventford et nous sommes tout sens dessus dessous, madame. — dit-elle, — mais nous allons faire de notre mieux et arranger tout bien vite. M. George nous a dit lundi aussi clairement que possible, et sa lettre n’est pas encore arrivée ; vous excuserez donc que rien ne soit encore préparé.

Mathilda aurait pu continuer à s’excuser plus longtemps ; mais elle se releva vivement pour courir à