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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/197

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LA FEMME DU DOCTEUR

l’air qu’il avait en ce moment, assis dans l’embrasure de cette fenêtre et regardant Raymond.

La dame qu’on appelait lady Gwendoline reprit son lorgnon pour étudier une autre toile, et c’est dans cette attitude qu’Isabel eut le loisir de la contempler. Elle aussi vit qu’elle était gracieuse et que dans le moindre pli de sa robe très-simple, — qui était de mousseline, mais d’une toute autre nature que celle d’Isabel, — il y avait une harmonie indescriptible qui était comme le cachet qui distingue les êtres qui habitent cette région splendide que la jeune femme ne connaissait que par ses livres. Elle regarda plus longtemps et avec plus d’attention Gwendoline que Lansdell, car dans cette femme élégante elle voyait sa propre image, elle se voyait telle qu’elle se représentait si souvent elle-même : une grande dame sans cœur, divinité pour l’amour de laquelle les hommes se coupaient la gorge, se rompaient des vaisseaux, ou se noyaient.

George survint pendant que sa femme contemplait Gwendoline, et Raymond se rappela tout à coup le jeune ménage qu’il s’était chargé de conduire.

— Il faut que je vous présente à quelques amis à moi, Roland, — dit-il. — Lorsque vous serez malade vous pourrez envoyer chercher M. Gilbert, de Graybridge, qui est, à ce qu’on m’a dit, un habile médecin, et que je sais être l’homme le plus honnête que j’aie jamais rencontré. Gilbert, mon cher ami, M. Roland Landsdell, du Prieuré de Mordred ; — Lady Gwendoline, Mme Gilbert ; — Mme Gilbert, M. Lansdell. Mais vous connaissez déjà mon ami Roland, si je ne me trompe, Isabel ?

Mme Gilbert salua, sourit, et rougit dans une char-