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LA FEMME DU DOCTEUR.

devait faire diriger le feu de tous les fusils du Midland sur ces innocentes victimes à gorge rouge, George reçut une lettre de son vieil ami et camarade, Sigismund, qui lui écrivait avec un entrain remarquable et une incommensurable abondance de pâtés.

« Je viens passer quelques jours avec toi, mon vieux camarade, » écrivait-il, « afin de chasser de mes poumons la fumée de Londres et pour contempler les jeunes agneaux bondissant dans les prairies. (À propos, y a-t-il de jeunes agneaux au mois de septembre ?) Il me tarde de voir quelle ménagère tu as fait de Mlle Sleaford. Te rappelles-tu cette journée passée au jardin où tu l’as vue pour la première fois ? C’était là un joli cas d’idiotisme. Ah ! ah ! ah ! ah ! comme dit M. Buckstone lorsqu’il enfonce ses poings dans les côtes d’un figurant. Fait-elle des puddings ? Coud-elle des boutons et bouche-t-elle les trous de tes bas avec des reprises merveilleuses ? À Camberwell elle ne voulait pas en entendre parler. Je te consacrerai une semaine et je passerai une autre semaine dans le sein de ma famille. J’apporterai un fusil, parce que cela fait bien dans le wagon, surtout lorsque ça ne part pas, ce qui arrive, je crois, lorsque ce n’est pas chargé ; bien que, à mon avis, il y ait toujours quelque chose de suspect dans l’aspect des armes à feu, et que je ne serais en aucune façon surpris si elles venaient à éclater par combustion spontanée ou quelque chose d’approchant. Je suppose que tu as entendu parler de mon nouveau roman en trois volumes, — un vrai roman en trois volumes dont tout l’intérêt se concentre sur un seul