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LA TRACE

pectueux dans vos réponses pour l’avocat de la couronne, » dit le juge.

L’étudiant en médecine regarda Sa Seigneurie avec son œil jaspé et d’un air de défiance ; l’avocat de la couronne avait terminé avec lui, et il se retira du banc des témoins, en s’inclinant devant la Cour avec une politesse étudiée.

Les deux témoins qui suivirent étaient deux médecins d’un tout autre cachet que le Chérokée Joyeux qui avait pris place maintenant parmi les spectateurs.

Ces gentlemen déposèrent qu’ils avaient soigné le prévenu, il y avait quelques années, pendant sa fièvre cérébrale, et qu’ils avaient beaucoup craint pour la perte de sa raison.

Le procès durait si longtemps que le juré qui avait un billet pour le banquet public, comprit que ce billet n’était plus qu’un carton inutile, et que la graisse verte de la tortue et la première tranche de venaison ne seraient pas pour lui.

L’avocat de l’accusation adressa un second discours au jury, dans lequel il s’efforça de démolir l’échafaudage que son savant collègue avait si ingénieusement élevé pour la défense. Pourquoi le défenseur légal d’un homme dont la vie est entre les mains du jury, n’aurait-il pas le privilège de parler en faveur de son client, en dernier lieu, tout autant que le représentant légal de l’accusation ?