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DU SERPENT.

les joues creuses et pendantes, faisaient paraître plus grands ses grands yeux bleus.

M. Peters, en examinant les poches, ne trouva aucune preuve de son identité ; un mouchoir, un peu d’argent, quelques demi-pence et un canif enveloppé dans une feuille déchirée d’une grammaire latine étaient les seuls objets qu’elles renfermaient.

L’agent réfléchit quelques instants, la bouche tournée d’un côté, et puis grimpant sur un des monticules les plus élevés près de lui, jeta les yeux sur le pays environnant. Il aperçut bientôt à une petite distance un groupe de faneurs, dont il attira l’attention d’un coup de sifflet. Kuppins lui servit d’interprète pour communiquer ses ordres à ces hommes, et deux des plus grands et des plus robustes prirent le cadavre par la tête et les pieds, et le transportèrent, après avoir couvert du châle de Kuppins le visage froid et livide. On était éloigné de deux milles de Slopperton, et ces deux milles ne furent en aucune façon agréables à parcourir pour Kuppins, assise dans le cabriolet de M. Vorkins, avec M. Peters, qui le conduisait lentement, pour garder le même pas que les hommes chargés de leur funèbre fardeau. Le châle de Kuppins, qui naturellement ne devait plus servir désormais comme châle, n’était pas suffisant pour cacher les contours saillants de la face qu’il couvrait ; quant à Kuppins, elle avait vu ces yeux bleus, et les voir une fois