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LA TRACE

était les voir toujours, pensait-elle. Le triste convoi vint enfin s’arrêter au bureau de police, où les hommes déposèrent leur charge funèbre, et après avoir été payés pour leur peine, se retirèrent enchantés. M. Peters fut assez occupé pendant l’heure qui suivit, à faire un rapport de la découverte du cadavre, et à rédiger un certificat de trouvé mort.

Kuppins et l’enfant trouvé se retirèrent à la petite rue de Gulliver, et s’il y eut jamais une héroïne dans cette rue, cette héroïne fut Kuppins ; on vint de trois rues plus loin pour la voir et pour entendre l’histoire qu’elle raconta si souvent, qu’elle en vint à la fin à la raconter machinalement et à la rendre légèrement obscure par le vague de sa ponctuation. Tout ce que Kuppins pouvait désirer pour souper, et deux ou trois douzaines de repas furent mis à son service, si elle voulait condescendre à les partager, et son règne d’héroïne principale ne finit qu’à l’apparition de M. Peters, le héros, arrivant au logis couvert de sueur et de poussière, pour leur dire, dans son alphabet, horriblement sali par les fonctions qu’il venait de remplir, que l’homme mort avait été reconnu pour être le sous-maître principal d’une grande institution située à l’autre extrémité de la ville, et que son nom était ou avait été Jabez North. Le motif qui l’avait poussé au suicide, il l’avait emporté avec lui dans la sombre et mystérieuse région dans laquelle il s’était lancé volontai-