Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome I.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
198
LA TRACE

et ne trouvant pas d’argent, a pris des billets blancs, dans l’espoir de pouvoir contrefaire ma signature. Penser que je ne connaissais pas cet homme ? »

Penser que vous ne le connaissiez pas, docteur, vous pouvez penser aussi, que dans ce moment même, peut-être, vous ne savez pas à moitié ce que cet homme a été capable de faire.

Mais c’était le cas d’agir et non de réfléchir ; le docteur se lança donc vers la station du chemin de fer, et envoya une dépêche télégraphique à ses banquiers, pour faire opposition à tous les billets présentés avec sa signature, et pour faire arrêter immédiatement le porteur de ces billets. De la station du chemin de fer, il courut, transpirant d’une façon impossible, au bureau de police, pour faire ouvrir une enquête sur l’absence de Jabez, puis retourna chez lui, remplissant de terreur l’esprit de sa gouvernante et même de sa fille, la charmante Jane, qui prit une dose extra de sels volatiles et se mit au lit pour lire : « Lady Clarinda ou les Malheurs de Belgrave. »

Le crépuscule en grandissant amena un message télégraphique des banquiers qui annonçait que trois billets de mille livres chacun, avaient été présentés et encaissés à onze heures du matin, par un gentleman, ayant un cabriolet et un laquais. À la suite de cette dépêche, il en vint une autre du bureau de police, annonçant qu’un cadavre avait été