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LA TRACE

son cœur. Il y a probablement quelque chose de trop pénible dans cette amère humiliation.

« Oh ! qu’ai-je fait, dit-elle, qu’ai-je fait, pour que le rêve enchanté de ma vie soit interrompu par un semblable réveil ?

— Madame, je vous ai dit que je désirais vous servir si je le puis. Je ne prétends pas à une générosité classique et désintéressée, vous êtes riche et vous pouvez payer mes services. Il y a trois personnes seulement outre vous, qui ont été témoins ou compromises dans ce mariage : M. Pérot, Finette, et M. de Lancy. On peut faire taire le prêtre et la femme de chambre, quant à Don Juan, nous en parlerons demain. Encore un mot, a-t-il quelques lettres de vous en sa possession ?

— Il me renvoie mes lettres une à une, à mesure qu’il les reçoit.

— C’est bien. Il est si facile de démentir ce que l’on a dit, mais si difficile de nier ce que la main a écrit.

— Les de Cévennes ne mentent point, monsieur.

— Ils ne mentent point ? Quoi, madame, n’avez-vous jamais fait de mensonges, quoique vous ne les ayez pas dits ? N’avez-vous jamais menti avec votre visage, quand il avait un air d’indifférence calme, tandis que l’effort intérieur par lequel vous conteniez les violents battements de votre cœur produisait physiquement une hor-