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LES OISEAUX DE PROIE

provinciale de commerçants, et ils n’avaient pas laissé d’autres traces de leur passage dans ce monde que les inscriptions sur les registres des naissances, mariages, et décès dans de pauvres églises, ou un nom jeté par hasard sur quelque feuille d’une Bible de famille.

George n’en était encore qu’au commencement. Les père et grand-père, les oncles et grands-oncles, et toute leur progéniture, formaient devant lui un imbroglio qu’il devait démêler. En même temps, il fallait s’occuper de sa petite clientèle, et il sentait que son œuvre ne serait accomplie qu’après des années peut-être. Il avait une peur terrible que, pendant ce temps, quelque autre aussi habile et non moins infatigable que lui, ne prît en main le même écheveau et ne parvînt à le débrouiller. Cela le fit réfléchir, et il se décida à chercher un collaborateur digne de lui. Ce n’était pas commode de trouver un pareil auxiliaire ; car, au cas où l’affaire réussirait, il pourrait réclamer une trop forte part dans les bénéfices, ce qui n’allait pas à l’avocat. Cela n’empêche pas que le temps marchait et que le travail n’avançait guère. Sheldon était perplexe, troublé, il se demandait si un concurrent plus heureux ne l’épiait pas, ne le surveillait pas lorsqu’il entrait dans les églises, en sortait, questionnait les habitants : cette pensée le tourmentait, jour et nuit, sans paix ni trêve.