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LES OISEAUX DE PROIE

y penser et de me vouer exclusivement aux Haygarth. Cela est dur tout de même ! juste au moment où je commençais à croire qu’elle m’aimait un peu. »

Dans les entrevues qui eurent lieu avant que Valentin fît aucune démarche active dans sa nouvelle entreprise, certaines conditions furent arrêtées entre lui et Sheldon. La première et la plus sérieuse de ces conditions fut que le plus strict secret serait conservé vis-à-vis du capitaine. George insista beaucoup sur ce point.

« Je ne doute pas que Paget ne soit un très-brave homme, » dit-il.

C’était une habitude qu’il avait de traiter tout le monde de brave homme.

« Paget est certainement un très-aimable homme, mais il n’est pas de héros auxquels je voudrais confier un pareil secret. Vous savez que Paget est très-lié avec mon frère, et toutes les fois que je vois un homme en intimité avec un de mes parents, je me fais une loi de me tenir en garde contre lui. Des parents ne travaillent jamais bien sous le même harnais ; cela paraît être contre nature. Philippe a une idée confuse du jeu que je veux jouer, une idée générale qui n’a rien de précis. Il se figure que je suis un fou et que je perds mon temps et ma peine. Je tiens à ce qu’il conserve cette opinion ; car, vous comprenez, dans une affaire de ce genre il y a toujours à craindre qu’un autre ne gâte votre jeu en venant s’en mêler. Assurément cette annonce, que je vous ai communiquée, a été lue par d’autres personnes qui ont pu s’en occuper comme moi ? Mon espoir est que tous ceux qui auront voulu le faire se seront jetés sur la branche féminine et se seront empêtrés d’un monceau de pièces relatives aux Jud-