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LES OISEAUX DE PROIE

— Certainement, répondit George ; seulement à Dorking, tout ce qu’il pourrait apprendre, c’est que vous l’avez trompé ; tandis que, s’il vous suivait à Ullerton, il y découvrirait peut-être ce qui vous y a conduit. »

Haukehurst reconnut la sagesse de cette observation et consentit à installer sa tante à Dorking.

« C’est bien près de Londres, suggéra-t-il néanmoins d’un air pensif, le capitaine pourrait facilement y venir.

— Et par cette raison même, il est peu probable qu’il le fasse, répondit l’avocat. Un homme qui a un voyage d’une heure à faire le remet de jour en jour, et finit par ne pas le faire du tout. Celui qui, au contraire, a l’idée d’aller à Manchester ou à Liverpool, a besoin de s’en occuper, de prendre ses dispositions, il pense forcément à son voyage ; celui-là, il le fait. Les personnes qui demeurent à côté de la Tour de Londres ne l’ont presque jamais visitée. Il n’y a que les bonnes gens venant de Cornouailles ou du comté d’York, de passage à Londres, qui se dérangent pour aller voir les diamants de la Couronne et les armures des preux. Croyez-moi, tenez-vous-en à Dorking. »

Donc Valentin résolut d’attendre le capitaine le soir même. Il revint au logis de bonne heure, et il était assis devant un gai petit feu, un de ces petits feux si chers à tout bon Anglais après une sombre journée d’automne, lorsque celui-ci rentra chez lui.

« Quelle besogne éreintante ! dit le capitaine en brossant son chapeau, de l’air méditatif d’un homme qui ne sait trop souvent comment il le remplacera par un neuf. Combien de personnes, pensez-vous, que j’aie été voir aujourd’hui, Valentin ?… Trente-sept ! Que dites-vous