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LES OISEAUX DE PROIE

gnon que si l’immensité de l’Atlantique s’était étendue entre eux. La barrière qui les séparait n’était pourtant que Charlotte, mais Diana savait trop bien que Charlotte c’était l’univers.

Comme la question de savoir s’il pleuvrait ou non s’agitait, la glace avait été rompue. Charlotte et Valentin se mirent à causer. Diana continuait à marcher silencieuse auprès de son amie, ne parlant que lorsqu’elle ne pouvait faire autrement. Ce silence et cette attitude auraient été remarqués du premier venu, mais les amoureux, eux, ne voient rien que leur amour. Pour Charlotte et Valentin, Mlle Paget était la plus charmante, la plus gaie des amies.

Ils avaient déjà fait quelques tours quand Charlotte se mit à questionner Haukehurst, à propos d’une pièce qui devait se jouer sur un des théâtres de Londres, très-prochainement.

« J’ai une grande envie de voir cette nouvelle actrice française, dit-elle ; pensez-vous qu’il soit possible d’avoir des places, M. Haukehurst ? Vous savez que M. Sheldon déteste payer pour aller au théâtre, et depuis la semaine passée ma petite bourse est épuisée. »

Le regard suppliant de Charlotte avait quelque chose d’irrésistible. Valentin aurait engagé jusqu’au dernier shilling de ses trois mille livres plutôt que de lui refuser ce qu’elle désirait. Mais heureusement pour lui, ses relations avec les journalistes lui permettaient d’avoir des billets de théâtre assez facilement.

« Ne parlez pas de m’ennuyer, il ne peut y avoir d’ennui pour moi lorsqu’il s’agit de vous. Les billets vous seront envoyés, Mlle Halliday.

— Oh ! je vous remercie… je vous remercie mille fois. Vous serait-il possible de nous avoir une loge pour que