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LES OISEAUX DE PROIE

lignes, de cercles, d’annotations rouges, noires, de la plus belle écriture. Philippe, dont les yeux étaient perçants comme ceux d’un faucon, avait tout de suite remarqué ce papier et distingué plus d’un mot écrit en caractères plus gros et plus larges avant que son frère eût eu le temps de le replier, ce qui, à vrai dire, n’était pas facile. Les mots intestat et Haygarth l’avaient particulièrement frappé.

« Vous paraissez bien pressé de mettre ce document en sûreté, dit Philippe en s’asseyant sur la chaise destinée aux clients.

— Pour vous dire la vérité, vous m’avez surpris, répondit George. Je ne savais pas qui ce pouvait être, vous comprenez, et j’attendais quelqu’un qui… »

George s’arrêta brusquement, puis d’un ton un peu troublé :

« Pourquoi donc mon clerc ne vous a-t-il pas annoncé ?

— Parce que je ne l’ai pas voulu. Pourquoi aurais-je besoin de me faire annoncer ?… On croirait vraiment que vous étiez en train de conspirer et que vos complices sont cachés dans votre tiroir. À propos de cela, vous êtes très-bien avec Haukehurst… tout à fait bien ? »

En dépit du sournois « à propos de cela, » cette remarque de l’agent de change parut déplacée.

« Je ne sache pas que nous soyons intimes. Haukehurst semble être un garçon très comme il faut. Nous nous voyons, mais je ne suis pas son ami, son ami intime, comme je l’ai été de Tom. »

George, dans ses conversations avec Philippe, rappelait volontiers sa liaison avec le pauvre Tom.

« Haukehurst vient de quitter Londres, dit Philippe d’un ton indifférent.