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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/232

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LES OISEAUX DE PROIE

— Oui, je le sais.

— Quand l’avez-vous appris ?

— Je l’ai su hier au soir, répondit George, exaspéré par l’indifférence apparente de son frère.

— En vérité ! Vous devez vous tromper, il est parti hier à deux heures.

— Comment se fait-il que vous sachiez cela ?

— Parce que, par hasard, je me suis trouvé au chemin de fer et que je l’ai vu prendre son billet. Il y a quelque mystère dans ce voyage, soit dit en passant, car Paget m’a dit qu’il allait à Dorking. Je présume que lui et Paget ruminent quelque chose. J’ai été contrarié du départ de ce jeune homme, car j’avais du travail à lui donner. Du reste, je le remplacerai facilement. »

Pendant que son frère disait cela, George regardait dans un des tiroirs de son bureau. C’était une habitude chez lui d’ouvrir ses tiroirs et de regarder dedans quand on lui parlait.

La conversation prit un tour moins personnel. Les deux frères s’entretinrent un peu des événements du jour, mais elle ne tarda pas à languir, cette conversation, et Philippe se leva pour s’en aller.

« Cette grande feuille de papier que vous avez eu tant de peine à plier, est probablement une de vos tables généalogiques, dit-il, comme il se préparait à partir. Vous n’avez pas besoin de prendre tant de soin pour me la dissimuler. Il n’est pas probable que je cherche à aller sur vos brisées ; mes propres affaires me donnent plus de tracas que je n’en puis supporter. Néanmoins, si vous êtes enfin parvenu à rencontrer quelque chose de véritablement bon, je ne refuserais pas de vous aider. »