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LES OISEAUX DE PROIE

« Toutefois, de ce qui est obscur pour moi, le clairvoyant Sheldon peut faire jaillir la lumière ; je suivrai à la lettre ses instructions et résumerai de mon mieux la prose du vieux marin.

« J’ai fini par obtenir de mon ancien, premièrement l’assurance que son père avait conservé le souvenir des dernières années de Matthieu Haygarth, et secondement, que son grand’père s’était aussi souvenu de la jeunesse désordonnée dudit Matthieu. Il paraît que, sur sa fin, Matthieu était devenu un citoyen des plus tranquilles et des plus estimables. Il fréquentait une chapelle dissidente, et marchait dans les mêmes voies que son défunt père. Il était bon époux et avait une femme très-vive, mais regardée comme un modèle de vertu féminine, de plus, riche. C’est étrange comme ces citoyens respectables et riches cherchent toujours à augmenter leur avoir en s’alliant à de respectables et riches citoyennes.

« Dans ses dernières années, Matthieu Haygarth ressemblait à son père sous plus d’un rapport : comme son père, il avait fait plus d’un testament, et de même que son père, il est mort intestat. L’avocat qui a, dans plusieurs occasions, aidé à la rédaction de ces testaments, était un nommé Brice ; comme son client, du reste, éminemment respectable. Après son mariage, l’estimable Matthieu s’est retiré dans une modeste habitation, à dix ou quinze milles environ d’Ullerton. Cette habitation était située dans un lieu appelé Dewsdale ; c’était une propriété de sa femme, qui la lui avait apportée en se mariant.

« Cette maison et ses dépendances consistant en trente acres de terre environ, fut plus tard vendue par le Révérend, intestat, John Haygarth, peu de temps