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LES OISEAUX DE PROIE

exprimé assez clairement ; ils appartiennent à la période de souvenirs de son père.

« Et maintenant je crois en avoir su tout ce que je puis en savoir. Je lui ai donné ma bénédiction et l’ai laissé fumant mon tabac, satisfait de lui-même et du monde entier, excepté toutefois des autorités et des directeurs des hospices, contre lesquels il semble avoir une rancune particulière.

« Après l’avoir quitté, je me suis promené environ une heure ou deux dans Ullerton, avant de rentrer à ma modeste auberge. Les rues d’Ullerton sont tout ce qu’il y a de plus triste. L’abomination de la désolation règne sur la Place du Marché où l’herbe verte pousse entre les pavés. Cette ville a eu, dit-on, son temps de prospérité, mais ce temps-là n’est plus. Cependant, bien que son activité commerciale n’existe plus, il y reste encore trois ou quatre fabriques en pleine activité. J’ai entendu leurs cloches d’appel et j’ai rencontré des femmes nu-tête et des hommes en costume de travail qui se précipitaient de ce côté. Je suis allé voir la chapelle Wesleyenne. C’est un petit bâtiment original construit en briques rouges, qui a quelque ressemblance avec le joujou qu’on appelle une arche de Noé. De hautes constructions ont été élevées autour de la chapelle, qui s’y trouve enclavée. La cheminée d’une fabrique jette une ombre noire sur sa simple façade. J’ai demandé le nom du ministre actuel ; il s’appelle Jonas Goodge, il a été charpentier ; aujourd’hui, c’est un modèle de piété.

« 4 octobre. — Une lettre de M. Sheldon m’attendait en bas, lorsque je suis descendu pour déjeuner :