Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
54
LES OISEAUX DE PROIE

chez vous fort et bien portant, tout à coup il tombe malade et sa situation devient pire de jour en jour, sans que personne puisse dire ni pourquoi ni comment.

— Cela n’est pas vrai, George. Tout le monde dans la maison connaît la cause de la maladie de Tom. Il est resté un soir avec des vêtements mouillés et s’est absolument refusé à en changer. Il a été pris d’un rhume qui a amené une fièvre lente. Voilà toute l’histoire et tout le mystère de cette affaire.

— Cela paraît assez simple, c’est vrai ; mais à votre place, Philippe, je voudrais que l’on fît venir un autre médecin.

— Cela regarde Mme Halliday, répondit froidement Sheldon. Elle sait que si elle met en doute mes talents, elle est libre d’appeler qui lui conviendra. Maintenant, George, en voilà assez là-dessus. J’ai déjà eu assez d’inquiétudes à ce sujet pour que vous ne veniez pas vous ingénier à m’en casser la tête. »

Ils causèrent encore quelques instants de choses et d’autres, mais la conversation ne tarda pas à tomber, et, dès qu’il eut achevé son cigare, George se leva pour se retirer,

« Bonsoir, Philippe, dit-il, si jamais la fortune vous sourit, j’espère que vous me ferez une bonne part. »

Cette remarque ne paraissait en aucune manière se rattacher à ce qui venait d’être dit entre les deux frères, cependant l’aîné n’en parut pas surpris.

« Si jamais quelque affaire tourne bien pour moi, George, dit-il gravement, vous trouverez en moi un bon ami. »

Sur ce, George prit congé et sortit. Il s’arrêta un moment au coin de la rue pour regarder la maison de son frère. Il pouvait de là apercevoir les fenêtres éclairées