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LES OISEAUX DE PROIE

Elle regarda attentivement le nouveau venu pendant qu’il échangeait sur le seuil de la porte quelques mots avec Sheldon. C’était un tout jeune homme. Dans la pensée de Georgina, il était évident qu’il venait à peine d’obtenir son diplôme de docteur, et il ne représentait en aucune façon l’homme auquel Sheldon eût dû vraisemblablement s’adresser pour qu’il l’aidât de ses lumières. On doit se rappeler toutefois que c’était uniquement pour satisfaire à ce qu’il considérait comme un caprice de femme que Sheldon s’était décidé à appeler un étranger.

« Il paraît bien jeune, dit Georgy d’un ton de regret, dès que le docteur fut parti.

— Cela n’en vaut que mieux, ma chère Mme Halliday, répondit gaiement Philippe. La science de la médecine est éminemment progressive et les hommes jeunes sont ceux qui en savent le plus. »

La pauvre Georgy ne comprit pas très-bien, mais Sheldon lui avait parlé avec tant d’assurance que tout de suite, et sans effort, elle fut de son avis ; elle n’avait point coutume de discuter les opinions d’autrui, mais de s’y soumettre. D’ailleurs, à cet égard, n’était-il pas évident que Sheldon en savait dix fois plus qu’elle ?

« Tom semble être un peu mieux ce matin, » reprit-elle.

Le malade s’était endormi ; il reposait dans l’ombre faite par les lourds rideaux du vieux lit à colonnes.

« Il est mieux, répondit Sheldon, et il me paraît même assez bien pour qu’à son réveil je lui communique plusieurs lettres d’affaires qui sont à la maison depuis quelques jours. »

Il s’assit alors à la tête du lit, où il attendit tranquillement que le malade se réveillât.