Aller au contenu

Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
64
LES OISEAUX DE PROIE

« Mme Halliday, dit-il quelques instants après, votre déjeuner est prêt ; vous feriez bien de descendre pendant que je veille ici. Il est bientôt dix heures.

— Je n’ai pas faim du tout, dit tristement Georgy.

— Oui, mais vous ferez bien de manger un peu. Vous vous rendrez malade vous-même, prenez-y garde, et vous n’aurez plus la force de donner vos soins à Tom. »

Cet argument décida immédiatement Georgy. Elle descendit à la salle à manger où elle s’efforça de suivre de son mieux le conseil de Sheldon. Les inquiétudes, les terreurs de sa tendresse lui faisaient oublier et sa jalousie, et ses larmes, et ses douloureuses solitudes. Elle ne se souvenait plus que d’une chose : il avait été aimant, bon pour elle pendant les premières années de leur mariage, il l’avait rendue heureuse, et demain, peut-être, il allait mourir.

Sheldon attendit patiemment le réveil du malade ; il regarda cependant deux fois sa montre en une demi-heure ; une fois même il se leva doucement et chercha dans la chambre ce qu’il fallait pour écrire. Il trouva une sorte de buvard qui appartenait à Georgina et un coquet petit encrier ayant la forme d’une pomme, avec une queue et des feuilles dorées ; il s’assura qu’il y avait assez d’encre et que les plumes étaient en bon état, puis il vint tranquillement s’asseoir auprès du lit et se remit à attendre.

Le malade ouvrit enfin les yeux, et par un très-léger sourire, il montra qu’il reconnaissait son ami.

« Eh bien ! Tom, comment vous trouvez-vous ce matin, mon vieux ?… Un peu mieux, d’après ce que]j’ai appris de Mme Halliday ? dit gaiement Philippe.