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LE CORRECTEUR TYPOGRAPHE

Les premières règles typographiques[1] ont suivi : renfoncement de l’alinéa, espacement régulier et division des mots, espacement de la ponctuation, interlignage, etc.

Après avoir appris la manière de justifier le composteur, de lever et de placer la lettre, l’apprenti compose le premier mot, la première ligne, la première phrase, et aussi le premier alinéa.

Au fur et à mesure que l’élève compose, les explications, toujours simples, se font plus nombreuses, mais en s’assurant qu’elles sont bien comprises, que les précédentes ne sont point oubliées, enfin qu’elles sont correctement appliquées. Même sur une copie réimpression il est toujours matière à étude et à observations nombreuses. Déjà, au reste, l’apprenti correcteur aura entre les mains, avec recommandation expresse de le lire et de le relire attentivement, le petit manuel de marche typographique spécial à la Maison ; car il est entendu que toute Maison qui se respecte doit, maintenant, au grand détriment du Code typographique, posséder son manuel « particulier ».

Sa première composition terminée, le correcteur, qui n’aura point omis de relire son travail sur le plomb au fur et à mesure de son avancement, devra — satisfaction inappréciable ! — en assumer lui-même la correction. À l’aide d’un protocole, il apprend alors la forme

  1. « Quant aux règles typographiques, nous dit-on, on peut les apprendre dans les manuels et, ainsi, arriver au métier avec un bagage professionnel qui se développera par la pratique. Une visite de l’atelier sous la conduite de quelqu’un qui donnera les explications utiles, l’observation de ce que font les typos, les metteurs en pages, etc., les conversations avec les uns et les autres apprendront au « bleu » bien des choses qui lui éviteront, par la suite, de dire des naïvetés ou de marquer des corrections susceptibles de faire naître des plaintes. J’allais dire aussi : des récriminations ; mais pour celles-ci j’estime qu’il n’y a qu’une seule chose à faire : envoyer promener l’adversaire. » (M. L.)

    Combien de candidats correcteurs sont « arrivés au métier avec un bagage professionnel » ? Hélas ! au cours de notre carrière déjà longue nous n’avons jamais ouï dire que semblable fait ait existé. — Nous concevons fort bien que « les règles typographiques peuvent être apprises dans les manuels » (c’est d’ailleurs ainsi que nous-même, et beaucoup d’autres également, sans doute, nous les avons apprises pour la plupart) ; mais nous affirmons qu’aucune de ces règles ne peut être étudiée avec fruit, convenablement comprise et surtout correctement appliquée, si l’on n’est d’abord entré dans l’imprimerie et si l’on n’a acquis au moins des notions sommaires de la technique manuelle. — À la visite de l’atelier, à l’observation, aux conversations nous préférons (car ils nous semblent plus profitables) le stage de l’apprentissage, le travail et l’étude technique ; plus sûrement ainsi le « bleu » « apprendra les choses qui lui éviteront du dire des naïvetés, de faire naître des plaintes » et surtout « d’envoyer promener l’adversaire » (attitude peu politique en somme) (voir p. 181).