Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/219

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de tous les temps ont regardée comme la plus importante de l’art typographique. »

Déjà, au xviiie siècle, on n’exigeait pas moins du correcteur. D’après l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, « rien n’est si rare qu’un bon correcteur : il faut qu’il connaisse très bien au moins la langue dans laquelle l’ouvrage est composé ; ce que le bon sens suggère dans une matière quelle qu’elle soit ; qu’il sache se méfier de ses lumières ; qu’il entende très bien l’orthographe et la ponctuation ».


A. — Le correcteur et le manuscrit


Le correcteur doit reproduire fidèlement le manuscrit de l’écrivain souvent défiguré dans le premier travail de la composition typographique.

La copie peut être imprimée ou manuscrite.

I. Imprimée, elle est généralement à reproduire « chou pour chou », c’est-à-dire en son entier, sans modifications, ligne à ligne : tel le manuscrit belge, elle présente le minimum de difficultés, dès lors le minimum de causes d’erreurs. Les quelques corrections ou changements qu’elle comporte par hasard sont, autant peut-on dire, négligeables pour le correcteur « qui en a vu bien d’autres ».

II. Manuscrite, la copie peut être l’œuvre d’un dactylographe, d’un calligraphe, ou encore d’un « plumitif » plus ou moins habile :

1° De nos jours, le calligraphe, l’écrivain public font place de plus en plus au dactylographe. Non point que la machine à écrire — que ce soit une Remington, une Underwood, une Royal, une Oliver ou quelque autre marque d’au delà l’Atlantique — réalise, au point de vue de l’orthographe et de la syntaxe, un progrès sur la plume ou le roseau. L’une et l’autre ne valent que par la main qui les actionne, qui les tient : trop souvent, hélas ! maint ou mainte dactylographe, s’ils parlent correctement le français, l’écrivent à l’instar d’un « Basque espagnol ». Sans doute, le manuscrit par son aspect plaît au regard :