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les risques de l’impression. « Le privilège était un acte émané du Pouvoir — le roi, le Parlement, l’Université ou le prévôt de Paris, au xvie siècle ; plus tard, exclusivement le roi — une loi d’après laquelle l’autorité accordait à telle ou telle personne le droit de publier seule un ouvrage déterminé et défendait à toute autre de le reproduire. Presque dès les débuts de l’imprimerie, on eut cette idée d’équité très nette qu’un imprimeur ayant exposé les frais parfois considérables d’une première édition ne devait point être frustré par une concurrence malhonnête, par une reproduction, du fruit de son travail. L’acquisition de manuscrits précieux, le travail de revision et de correction où les Alde et les Estienne employaient leur érudition, eussent été perdus pour eux si d’autres imprimeurs avaient pu, avec moins de science et de dépenses, sans peines et sans risques, reproduire le texte de l’édition primitive. » On comprend dès lors combien cette mesure de protection toute gracieuse était recherchée et quelle valeur on lui attribuait.

Le premier privilège accordé en France fut donné, en 1507, par Louis XII à Antoine Vérard, pour son impression des Épitres de saint Paul, glosées en français par un docteur de la Faculté de Théologie. — En cette même année 1507, Jean Petit, libraire à Paris, obtenait également un privilège pour son volume des Coultumes de Chaudmont-en-Bassigny, que mettait aussi en vente, à Troyes, un libraire nommé Gautier. — Le 12 janvier 1508, le Parlement de Paris accordait un privilège à Berthold Renboldt, qui fut un moment associé avec Ulrich Gering (1494-1510). — En 1509, un auteur nommé Boyer sollicita et obtint du roi Louis XII un privilège qu’il rétrocéda à Simon Vincent, imprimeur à Lyon. — Le 26 janvier 1516, le Parlement de Paris accorde à Josse Bade, « libraire juré de l’Université », un privilège de deux années pour les Institutions oratoires de Quintilien. — À la même époque, le libraire Lagarde imprimait à grands frais une volumineuse collection des Coutumes de France ; le roi lui assura pour trois ans le privilège exclusif de la vente de l’ouvrage. — Le 17 janvier 1538, François Ier concède à Conrad Néobar un privilège général pour tous les livres qu’il aurait imprimés. Défense est faite aux autres imprimeurs et libraires du royaume d’imprimer

    obtenir — d’abord de l’Université, plus tard de censeurs nommés par le Pouvoir — préalablement à la mise en vente d’un ouvrage.