Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/462

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ou de vendre des ouvrages publiés par Néobar, et ce durant cinq années pour les ouvrages qu’il aurait publiés le premier, et pendant deux ans pour ceux qu’il aura réimprimés plus correctement, soit d’après d’anciens manuscrits, soit d’après le travail des savants. — En 1553, Henri II octroie à Vascosan un privilège général de dix ans pour toutes les éditions qu’il publierait.

Les princes étrangers ne se montraient pas moins empressés à encourager et à récompenser les savants qui s’adonnaient à l’art de l’impression ; les maîtres se souciaient d’imiter sur ce point l’exemple des grands :

En 1568, Philippe II d’Espagne envoyait son chapelain, à Anvers, surveiller chez Plantin l’impression de la Bible polyglotte. « Le roi recommandait à Arias Montanus d’avoir grand soin de la correction de l’ouvrage ; avec son esprit minutieux et sa préoccupation des détails, le souverain voulut qu’une épreuve de chaque feuille d’impression lui fût envoyée[1]. »

Après un court séjour chez Plantin, Raphelengien sollicitait, en juin 1565, la faveur d’obtenir la main d’une des filles de son maître. Les raisons qui motivèrent une décision favorable sont curieuses à connaître : À l’âge de dix-huit ans, dit Plantin, ma fille aînée « me fut demandée en mariage par ung de mes correcteurs de l’imprimerie auquel pour ses seules vertus et scavoir je la donnay prévoyant qu’il serait ung jour utile à la république chrestienne, comme je le crois qu’il le montre en effet ». Et ailleurs il dit encore de celui-ci : « Raphelengien n’a oncques rien prins a cueur que la cognoissance des langues et des lettres et de bien lealement, fidelement et soigneusement corriger les exemplaires… »

C’était le temps où Juste Lipse[2] corrigeait lui-même ses épreuves chez le maître anversois, en compagnie de Kiliaan ; c’était l’époque

  1. D’après Max Rooses, Christophe Plantin, imprimeur anversois, p. 118.
  2. Juste Lipse, né à Isque (Belgique), le 18 octobre 1547. — Plantin fut le premier éditeur de Juste Lipse, pour lequel il commença à imprimer, croyons-nous, en 1569, Variarum lectionum libri III. Juste Lipse, au cours de l’un de ses voyages, s’étant arrêté à Iéna, y accepta une chaire d’éloquence et d’histoire qu’il conserva de 1572 à 1574. Il mourut le 24 mars 1606, à Louvain. (Biographie universelle ancienne et moderne, t. XXIV, p. 591. — Vve Desplas, éditeur, Paris ; Henri Plon, imprimeur.)