Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/486

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faisait la regrettable constatation : « Mais nous devons dire encore que, s’il existe dans une foule d’excellents ouvrages, des fautes aussi fréquentes que grossières, c’est aux libraires et aux entrepreneurs qu’il faut s’en prendre ; ils marchandent par centimes le prix d’un ouvrage, ne donnent la plupart du tems qu’un prix si médiocre, qu’il devient impossible à l’imprimeur, à moins de consommer sa ruine, de donner à plusieurs lectures d’épreuves et à leur correction tout le tems nécessaire. Mais ces abus passeront avec le tourbillon révolutionnaire qui a si long-tems tourmenté la République Française. »

L’espoir de Bertrand-Quinquet ne devait point, hélas ! se réaliser, et au milieu du siècle dernier, plus exactement en 1867, Bernier, président de la Société des Correcteurs de Paris, exprimait en ces termes les regrets qu’il éprouvait de cette étrange situation : « Comme je le disais en commençant, les produits de l’industrie typographique à l’Exposition n’ont été examinés jusqu’à ce jour que sous le rapport de l’impression et de l’outillage ; personne, que je sache, même dans les journaux étrangers, n’a songé à examiner le livre à son point de vue capital selon nous, au point de vue de la correction. Disons toute notre pensée, car on doit la vérité à ses amis : on aurait le droit de voir un dédain plus affecté que réel — de la part d’hommes très compétents, je le répète — dans ce parti pris de ne pas prononcer le mot qui exprime à lui seul le moyen et le but du livre ; de ne jamais mentionner, même accidentellement, cette partie de l’art typographique qui en est à la fois l’essence et l’expression la plus haute, qui le constitue, qui le caractérise, qui le rattache étroitement à la littérature et à la science, et « qui distingue spécialement notre industrie de « toutes les autres », comme le disait si excellemment M. Ambroise Firmin-Didot, dans une lettre devenue fameuse.

« Eh bien ! c’est ce parti pris qui me force à mon tour à descendre dans l’arène :

........Facit indignatio versum.

« Si la profession de maître imprimeur se place de plein droit au rang des professions libérales ; si les officines de quelques-uns de nos typographes les plus illustres ont été, à juste titre, considérées comme de véritables succursales de l’Institut, à ce point que plusieurs des correcteurs de l’Imprimerie Didot auraient pu revendiquer une large