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APPENDICE. — N° II.

déjà indiquée plus haut, qu’a été formé le terme de vêramaṇi par lequel on dénomme collectivement les fautes dont doit s’abstenir le Religieux. On en trouve l’origine dans les paroles mêmes attribuées au Buddha, quand il dit que le véritable Buddhiste « a de l’aversion (virata) » pour telle ou telle faute. Ce sujet capital pour la morale comme pour la discipline des Religieux occupe, on le comprend sans peine, une place considérable dans ceux des Suttas de Ceylan qui paraissent le plus rapprochés de la prédication de Çâkyamuni. Il est répété plusieurs fois, et presqu’en des termes identiques, parmi les Suttas qui forment la collection assez considérable du Digha nikâya des Singhalais. Il paraît d’abord sous une forme assez abrégée dans le Brahma djâla sutta, et le Pôṭṭhapâda sutta, puis avec de plus grands développements dans le Samañña phala sutta et dans le Subha sutta.

J’ai choisi le Sâmañña phala, à cause du cadre au milieu duquel est exposée la doctrine des devoirs religieux : ce Sutta passe pour émaner de la prédication même de Çâkyamuni, et il a pour nous cet intérêt qu’il met en scène le roi Adjâtasattu, l’Adjâtaçatru des textes buddhiques du Nord, qui fut contemporain de Çâkya. Le Subha sutta ne diffère du Sâmañña phala que par le cadre ; le maître n’y est plus Çâkya lui-même, c’est Ânanda son cousin germain et son serviteur favori, qui parle au nom et après la mort du Buddha. J’avoue que sans la reproduction presque littérale de ce texte dans plusieurs endroits différents du même manuscrit, il ne m’eût pas été facile d’en donner une traduction suivie, tant les copistes ont transcrit négligemment l’original. Il y a notamment deux passages, l’un sur les jeux, l’autre sur les meubles, que je n’ai pu entendre dans tous leurs détails : j’en ai averti par de courtes notes. J’ai cru aussi que je ferais bien de disposer ma traduction du Sâmañña phala de façon qu’elle pût servir à la lecture du Subha sutta. À cet effet, j’ai intercalé dans mon texte de courtes phrases du Subha, quand elles complètent ou confirment le sens du Sâmañña, et je les ai marquées de deux étoiles ; quant aux parties plus développées et qui appartiennent en propre au Subha, telles que le début et quelques détails du dialogue, je les ai rejetées en note. Le lecteur aura donc ainsi une double exposition des devoirs imposés aux Religieux Buddhistes, l’une attribuée à Çâkya, l’autre à son disciple Ânanda[1].

  1. Voici le début du Subha sutta. « Il a été ainsi entendu par moi un certain jour. Le respectable Ânanda se trouvait à Sâvatthi (Çrâvasti), à Djetavana, dans le jardin d’Anâthapindika, peu de temps après que le Bienheureux était entré dans le Nibbâna complet. Or, en ce temps-là, le jeune Brâhmane Subha, fils de Nôdêyya, séjournait à Sâvatthi pour une certaine affaire. Alors le jeune Brâhmane Subha, fils de Nôdêyya, appela un certain jeune homme et lui dit : Va, jeune homme, à l’endroit où se trouve le Samaṇa (Çramaṇa) Ânanda, et y étant arrivé, souhaite en mon nom au samaṇa Ânanda peu d’obstacles, peu de maladies, une position facile, de la force et des contacts agréables, de la manière suivante : Le jeune Brâhmane Subba, fils de Nôdêyya, souhaite au bienheureux Ânanda peu d’obstacles, peu de maladies, une position facile, de la force, des contacts agréables, et parle-lui ainsi : Consens, ô seigneur Ânanda, dans ta miséricorde, à te rendre dans la demeure du jeune Brâhmane Subha, fils de Nôdêyya. Il en sera ainsi, répondit le jeune homme à Subha, fils de Nôdêyya ; et s’étant rendu à l’endroit où se trouvait le respectable Ânanda, il échangea avec lui les paroles de l’affection et de la civilité, et s’assit de côté ; et une fois assis, il s’adressa en ces termes au respectable Ânanda : Le jeune Brahmane Subha, fils de Nôdêyya, souhaite au bienheureux Ânanda peu d’obstacles, peu de maladies, une position facile, de la force, des contacts