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APPENDICE. — N° II.

la transmigration, jusqu’à ce que le châtiment qu’ils avaient attiré sur lui ait épuisé leur influence. J’en trouve une énumération propre aux Buddhistes du Sud, dans les prières prononcées aux funérailles chez les Barmans, prières qu’a reproduites le lieutenant Foley sur une planche du Journal de Prinsep[1]. Là le nom de chacun des cinq péchés les plus graves aux yeux des Buddhistes est suivi du terme vêramanî, comme pour les dix commandements du Paṭimôkkha. Voici cette énumération : 1o pâṇâtipâtâ vêramaṇî, l’aversion pour le meurtre de tout être vivant (le meurtre) ; 2o adinnâdânâ vêramaṇî, « l’aversion pour l’acte de prendre ce qui ne nous est pas donné (le vol) ; » 3o kâmêsumitchtchhâtchârâ vêramaṇî, « l’aversion pour la recherche illicite du plaisir (l’adultère) ; » 4o musâvâdâ vêramaṇî, « l’aversion pour un langage faux (le mensonge) ;« 5o surâmêrayamadjdjhapamâdaṭṭhânâ (lisez mêrêyyamadjdja), « l’aversion pour la source de l’inattention et de l’ivresse qui est l’usage des liqueurs enivrantes (l’ivresse). »

Cette énumération, qui dans le fragment auquel je l’emprunte, est résumée sous le titre de dosa vêramaṇî, et que je trouve également dans la note précitée du colonel H. Burney, jette un jour très-satisfaisant sur un passage d’une note d’Abel Rémusat touchant les actions ou règles de conduite qui procurent à l’homme l’avantage de renaître parmi les Dêvas[2]. Ces règles sont exactement celles que je viens de reproduire, et quand je pense au soin que les Buddhistes prennent de les répéter en toute occasion, je ne doute pas que ce ne soient ces règles mêmes qui sont désignées sous le nom collectif de çikchâpada, ou commandements ; telles sont en effet les règles fondamentales par lesquelles débute l’enseignement de la morale buddhique. L’interprétation que je propose ici du mot çikchâpada, me fournit le moyen de combler une lacune que j’ai laissée dans plusieurs passages de mon Introduction à l’histoire du Buddhisme indien, où je n’avais pu définir ce terme, et où je le rendais par « axiomes de l’enseignement[3]. » Aujourd’hui je puis m’appuyer sur l’autorité du Paṭimôkkha, qui nomme sikkhâpadârti, en pâli, les dix titres de la liste développée où se retrouvent les cinq titres composant la liste des cinq préceptes. On voit encore une confirmation indirecte de la valeur et de l’application de ce mot de « préceptes ou commandements » que je retrouve maintenant sous le terme de çikchâpada, dans une note développée d’Abél Rémusat sur sa traduction du Foe koue ki, où sont énumérés successivement, d’abord les cinq préceptes ou les vêramaṇîs fondamentaux, puis cinq autres préceptes que j’ai signalés comme plus spécialement applicables aux novices et aux Religieux, et qui répondent aux Sikkhâpadas de la première liste du Paṭimôkkha[4]. En rapprochant ces listes les unes des autres, il convient de tenir compte de quelques variantes d’expression et de quelques déplacements dans les termes, qui n’influent pas essentiellement sur le fonds du sujet.

Je terminerai cet exposé un peu minutieux par la traduction d’un Sutta pâli ou sont énumérés les principaux actes pour lesquels un Religieux doit avoir de la répugnance, et dont quelques-uns ont déjà été relevés dans cette note. C’est de cette idée de répugnance

  1. Journ. of a Tour through the Island of Rambree, with a geological Sketch, etc. dans Journ. of the asiat. Soc. of Bengal, t. IV, p. 92, pl. V.
  2. Foe koue ki, p. 147.
  3. Voy. entre autres, t. I, p. 80.
  4. Foe koue ki, p. 104.