Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/576

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
535
APPENDICE. — No VI

elle en a une ; et s’il demande : Quelle cause a la sensation ? il faut lui répondre : La sensation a pour cause le contact. Si cet homme demande : Le contact a-t-il une cause connue ? il faut, ô Ânanda, lui répondre : Oui, il en a une ; et s’il demande : Quelle cause a le contact ? il faut lui répondre : Le contact a pour cause le nom et la forme. Si cet homme demande : Le nom et la forme ont-ils une cause connue ? il faut, ô Ânanda, lui répondre : Oui, ils en ont une ; et s’il demande : Quelle cause ont le nom et la forme ? il faut lui répondre : Le nom et la forme ont pour cause l’intelligence (vinnâna). Si cet homme demande : L’intelligence a-t-elle une cause connue ? il faut, ô Ânanda, lui répondre : Oui, elle en a une ; et s’il demande : Quelle cause a l’intelligence ? il faut lui répondre : L’intelligence a pour cause le nom et la forme. C’est qu’en effet, ô Ânanda, l’intelligence a pour cause le nom et la forme, et que le nom et la forme ont pour cause l’intelligence. Les six siéges [des sens] ont pour cause le nom et la forme ; le contact a pour cause les six siéges [des sens] ; la sensation a pour cause le contact ; le désir a pour cause la sensation ; la conception a pour cause le désir ; l’existence a pour cause la conception ; la naissance a pour cause l’existence ; la vieillesse et la mort ont pour cause la naissance. Alors ont lieu les peines, les lamentations, la douleur, le chagrin, le désespoir ; c’est ainsi qu’a lieu la production de ce qui n’est qu’une grande masse de maux.

« Il a été dit, ô Ânanda, la vieillesse et la mort ont pour cause la naissance : voici maintenant, ô Ânanda, de quelle manière il faut entendre cette vérité. C’est que, ô Ânanda, si la naissance n’existait pas, aucunement, nullement, en aucune manière, absolument, pas, pour personne, ni quelque part que ce fût, ni pour les Dêvas afin qu’ils deviennent Dêvas, ni pour les Gandharvas afin qu’ils deviennent Gandharvas, ni pour les Yakchas afin qu’ils deviennent Yakchas, ni pour les Bhûtas afin qu’ils deviennent Bhûtas, ni pour les hommes afin qu’ils deviennent hommes, ni pour les quadrupèdes afin qu’ils deviennent quadrupèdes, ni pour les oiseaux afin qu’ils deviennent oiseaux, ni pour les animaux rampants afin qu’ils deviennent animaux rampants, car, ô Ânanda, il faut pour l’individualité de chacun de ces êtres que la naissance existe ; si, dis-je, la naissance n’existait pas, alors, par suite de l’anéantissement de cette condition, connaîtrait-on la vieillesse et la mort ? — Non, seigneur, [répondit Ânanda.] — C’est pour cela, ô Ânanda, qu’en ce monde la cause, l’origine, le motif et la raison de la vieillesse et de la mort, c’est la naissance.

Il a été dit, ô Ânanda, la naissance a pour cause l’existence : voici maintenant, ô Ânanda, de quelle manière il faut entendre cette vérité. C’est que, ô Ânanda, si l’existence n’existait pas, aucunement, nullement, en aucune manière, absolument pas, pour personne, ni quelque part que ce fût, si, par exemple, il n’y avait ni existence du désir, ni existence de la forme, ni existence de l’absence de forme, l’existence n’existant absolument pas, alors, par suite de l’anéantissement de cette condition, connaîtrait-on la naissance ? — Non, seigneur, [répondit Ânanda.] — C’est pour cela, ô Ânanda, qu’en ce monde la cause, l’origine, le motif et la raison de la naissance, c’est l’existence.

« Il a été dit, ô Ânanda, l’existence a pour cause la conception : voici maintenant, ô Ânanda, de quelle manière il faut entendre cette vérité. C’est que, ô Ânanda, si la conception n’existait pas, aucunement, nullement, en aucune manière, absolument pas,