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Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/577

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APPENDICE. — No VI.
pour personne, ni quelque part que ce fût, par exemple, s’il n’existait ni conception du désir, ni conception des fausses doctrines, ni conception de l’éloignement de toute vertu, ni conception des discussions, la conception n’existant absolument pas, alors, par suite de l’anéantissement de cette condition, connaîtrait-on l’existence ? — Non, seigneur, [répondit Ânanda.] — C’est pour cela, ô Ânanda, qu’en ce monde la cause, l’origine, le motif et la raison de l’existence, c’est la conception.

« Il a été dit, ô Ânanda, la conception a pour cause le désir : voici maintenant, ô Ânanda, de quelle manière il faut entendre cette vérité. C’est que si le désir n’existait pas, aucunement, nullement, en aucune manière, absolument pas, pour personne, ni quelque part que ce fût, par exemple, s’il n’existait ni désir de la forme, ni désir du son ; ni désir de l’odeur, ni désir de la saveur, ni désir de l’attribut tangible, ni désir de la vertu, le désir n’existant absolument pas, alors, par suite de l’anéantissement de cette condition, connaîtrait-on la conception ? — Non, seigneur, [répondit Ânanda.] — C’est pour cela, ô Ânanda, qu’en ce monde la cause, l’origine, le motif et la raison de la conception, c’est le désir.

« Il a été dit, le désir a pour cause la sensation : voici maintenant, ô Ânanda, de quelle manière il faut entendre cette vérité. C’est que si la sensation n’existait pas, aucunement, nullement, en aucune manière, absolument pas, pour personne, ni quelque part que ce fût, par exemple, s’il n’existait ni sensation produite par le contact de la vue [avec un objet extérieur], ni sensation produite par le contact de l’ouïe, ni sensation produite par le contact de l’odorat, ni sensation produite par le contact du goût, ni sensation produite par le contact du corps (siége du toucher), ni sensation produite par le contact de l’esprit (ou du cœur, manas), la sensation n’existant absolument pas, alors, par suite de l’anéantissement de cette condition, connaîtrait-on le désir ? — Non, seigneur [répondit Ânanda.] — C’est pour cela, ô Ânanda, qu’en ce monde la cause, l’origine, le motif et la raison du désir, c’est la sensation.

« Oui certainement, ô Ânanda, le désir a pour cause la sensation[1] ; la recherche a pour cause le désir ; l’acquisition a pour cause la recherche ; la détermination a pour cause l’acquisition ; la passion et l’attachement ont pour cause la détermination ; l’application a pour cause la passion et l’attachement ; la possession a pour cause l’application ; l’avarice a pour cause la possession ; la conservation a pour cause l’avarice ; le droit a pour cause la conservation ; et de là naissent une foule d’accidents coupables et pleins de péché, comme les coups de bâton, les coups d’épée, les querelles, les disputes, les discussions, les débats sur le mien et le tien, les injures et les mensonges.

« Ce sont là autant de vérités qui ont été dites ; voici maintenant, ô Ânanda, comment il faut entendre que le droit vient de la conservation, et du droit tous les accidents coupables qui viennent d’être énumérés. C’est que, ô Ânanda, si la conservation n’existait pas, aucunement, nullement, en aucune manière, absolument pas, pour personne, ni quelque part que ce fût, la conservation n’existant absolument pas, alors, par suite de

  1. C’est en cet endroit que le texte se sert de paṭitchtcha, employé comme participe vêdanam̃ paṭitchtcha tanhâ ; j’en ai fait la remarque un peu plus haut, p. 531.