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Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/581

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APPENDICE. — No VI.

forme et petit : c’en est assez sur ce point. Dans ce cas, ô Ânanda, celui qui déclare qu’il a une personnalité douée de forme et éternelle, ou bien fait cette déclaration pour le moment présent, ou bien la fait pour l’avenir, ou bien encore il fait cette réflexion : Je façonnerai ce qui n’est pas ainsi à devenir ainsi ; et tel qu’il est, ô Ânanda, il poursuit avec persévérance l’idée d’un état doué de forme et éternel : c’en est assez sur ce point. Dans ce cas, ô Ânanda, celui qui déclare qu’il a une personnalité n’ayant pas de forme et petite, ou bien fait cette déclaration pour le moment présent, ou bien la fait pour l’avenir, ou bien encore il fait cette réflexion : Je façonnerai ce qui n’est pas ainsi à devenir ainsi ; et alors tel qu’il est, ô Ânanda, il poursuit avec persévérance l’idée d’un état privé de forme et petit : c’en est assez sur ce point. Dans ce cas, ô Ânanda, celui qui déclare qu’il a une personnalité n’ayant pas de forme et éternelle, ou bien fait cette déclaration pour le moment présent, ou bien la fait pour l’avenir, ou bien encore il fait cette réflexion : Je façonnerai ce qui n’est pas ainsi à devenir ainsi ; et alors tel qu’il est, ô Ânanda, il poursuit avec persévérance l’idée d’un état privé de forme et éternel : c’en est assez sur ce point. Eh bien, Ânanda, ce sont là autant de moyens par lesquels il fait connaître sa personnalité.

« Et par combien de moyens, ô Ânanda, ne fait-il pas connaître sa personnalité ? C’est, ô Ânanda, quand il ne déclare pas ou qu’il a une forme et qu’il est petit ; ou qu’il a une forme et qu’il est éternel ; ou qu’il n’a pas de forme et qu’il est petit ; ou qu’il n’a pas de forme et qu’il est éternel. Dans ce cas, ô Ânanda, il ne fait pas ces déclarations soit pour le moment présent, soit pour l’avenir, soit avec l’intention de façonner ce qui n’est pas ainsi à devenir ainsi, et en poursuivant avec persévérance cette idée : c’en est assez sur ce point. Eh bien, ô Ânanda, ce sont là autant de moyens par lesquels il ne fait pas connaître sa personnalité.

« De combien de manières, ô Ânanda, se considérant lui-même, reconnaît-il sa personnalité ?

Se considérant dans la sensation, ô Ânanda, il se reconnaît ainsi [f. 80 b] : La sensation est ma personne même ; ou bien il dit : La sensation n’est pas ma personne même ; ou encore : Ma personne même est inaccessible à la sensation. Ou bien, ô Ânanda, se considérant lui-même, il se reconnaît ainsi : La sensation n’est pas ma personne même ; mais il n’est pas vrai que ma personne soit inaccessible à la sensation ; c’est ma personne qui éprouve la sensation, car la condition de ma personne est d’être sensible : c’est de cette manière, ô Ânanda, que se considérant lui-même, il reconnaît sa personnalité. Dans ce cas, ô Ânanda, à celui qui a dit : La sensation est ma personne même, il faudra dire : Il existe, ami, trois espèces de sensations, la sensation agréable, la sensation désagréable, la sensation qui n’est ni agréable ni désagréable ; dans laquelle de ces trois sensations reconnais-tu ta personnalité ? Dans le moment où il éprouve une sensation agréable, dans ce moment même, ô Ânanda, il n’éprouve ni une sensation désagréable, ni une sensation qui n’est ni agréable ni désagréable ; il n’éprouve en ce moment qu’une sensation agréable. Dans le moment où il éprouve une sensation désagréable, dans ce moment même, ô Ânanda, il n’éprouve ni une sensation agréable, ni une sensation qui n’est ni agréable ni désagréable ; il n’éprouve en ce moment qu’une sensation désagréable. Dans le moment où il éprouve une sensation qui n’est ni agréable ni désagréable, dans ce mo-