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APPENDICE. — No VI

« Or ici, ô Ânanda, cette première place de l’intelligence qu’occupent les êtres ayant diversité de corps et diversité d’intelligence, comme par exemple, les uns qui sont des Dêvas, les autres qui sont des hommes, également sujets à périr, celui, ô Ânanda, qui la connaît, qui en connaît la naissance, qui en connaît la fin, qui en connaît le bonheur, qui en connaît la misère, qui en connaît l’issue, est-il donc possible qu’il s’y complaise ? — Non certainement, seigneur.

[Ici une abréviation indique dans le manuscrit qu’il faut répéter cette formule, jusqu’à la septième place de l’intelligence exclusivement.]

« Or ici, ô Ânanda, cette septième place de l’intelligence qu’occupent ceux qui s’étant élevés complètement au-dessus de la région de l’infinité en intelligence, se disent, il n’existe absolument rien, parce qu’ils ont atteint à la région où il n’existe absolument rien, celui, ô Ânanda, qui la connaît, qui en connaît la naissance, qui en connaît la fin, qui en connaît le bonheur, qui en connaît la misère, qui en connaît l’issue, est-il donc possible qu’il s’y complaise ? — Non certainement, seigneur.

« Or ici, ô Ânanda, cette région des êtres qui n’ont pas d’idées, celui, ô Ânanda, qui la connaît, qui en connaît la naissance, qui en connaît la misère, qui en connaît l’issue, est-il donc possible qu’il s’y complaise ? — Non certainement, seigneur.

« Or ici, ô Ânanda, cette région où il n’y a ni idées, ni absence d’idées, celui, ô Ânanda, qui la connaît, qui en connaît la naissance, qui en connaît la fin, qui en connaît le bonheur, qui en connaît la misère, qui en connaît l’issue, est-il donc possible qu’il s’y complaise ? — Non certainement, seigneur.

« Maintenant, ô Ânanda, parce qu’un Religieux connaissant telles qu’elles sont et la naissance, et la fin, et le bonheur, et la misère, et l’issue de ces sept places de l’intelligence et de ces deux régions, est affranchi de toute acceptation, il est, à cause de cela, nommé Religieux affranchi par la sagesse.

« Voici, ô Ânanda, les huit affranchissements. Quels sont-ils ? Doué de forme, il voit des formes ; voilà le premier affranchissement. Ayant à l’intérieur l’idée de l’absence de forme, il voit à l’extérieur des formes ; voilà le second affranchissement. Par le seul effet de sa nature lumineuse il est intelligent ; voilà le troisième affranchissement. S’étant complètement élevé au-dessus de toute idée de forme, l’idée de résistance ayant disparu pour lui, ne concevant plus l’idée de la diversité, se disant, L’espace est infini, parce qu’il a atteint à la région de l’infinité en espace, il s’y arrête ; voilà le quatrième affranchissement. S’étant complètement élevé au-dessus de la région de l’infinité en espace, se disant, L’intelligence est infinie, parce qu’il a atteint à la région de l’infinité en intelligence, il s’y arrête ; voilà le cinquième affranchissement. S’étant complètement élevé au-dessus de la région de l’infinité en intelligence, se disant, Il n’existe rien, parce qu’il a atteint à la région où il n’existe absolument rien, il s’y arrête ; voilà le sixième affranchissement. S’étant complètement élevé au-dessus de la région où il n’existe absolument rien, ayant atteint à la région où il n’y a ni idées, ni absence d’idées, il s’y arrête ; voilà le septième affranchissement. S’étant complètement élevé au-dessus de la région où il n’y a ni idées, ni absence d’idées, ayant atteint à l’anéantissement des idées et des sensations,