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APPENDICE. — N° XXI.

est la même dans l’une et l’autre collection ; je n’ai cependant pas pu en trouver jusqu’à présent une rédaction sanscrite aussi longue que la rédaction pâlie qui m’a été fournie par deux suttas du Dîgha nikâya. Je n’ai pas cru pour cela devoir me dispenser de reproduire ici, dans son entier, le texte pâli ; je suis presque convaincu que des lectures plus étendues ou plus attentives parviendront à en découvrir l’analogue dans les textes sanscrits du Népâl. Je commence, comme tout à l’heure, par la formule du Nord :

Asti çramaṇô gâutamaḥ çâkyaputirah çâkyakulât hêçaçmaçrûṇy avatârya kâchâyâṇi vastrâṇy âtchhâdya samyag êva çraddhayâ agârâd anagârikâm pravradjitaḥ, c’est-à-dire : « C’est le Çramaṇa Gôtamide, fils de Çâkya, issu de la famille des Çâkyas, qui après avoir rasé sa chevelure et sa barbe, et revêtu des vêtements de couleur jaune, est sorti de la maison avec une foi parfaite pour adopter la vie de mendiant[1]. »

Voici maintenant la version des textes pâlis avec les accessoires qui en augmentent le développement :

Samaṇô gôtamô mahantam̃ ñâtisam̃gham̃ ôhâya pabbadjdjitô samaṇô khalu bhô gôtamô pabhûtam̃ hiraññasuvaṇṇam̃ ôhâya pabbadjdjitô bhûmigatam̃tcha vêhâsattam̃tcha samaṇô khalu bhô gôtamô daharô samanô susakâlakêsô’ bhadrêna yobbanêna samannâgatô paṭhamêna vayasâ agârasmâ anagâriyam̃ pabbadjdjitô samaṇô khalu bhô gôtamô akâmakâmânam̃ mâtâpitunnam̃ assumukhânam̃ rudantânam̃ kêsamassum̃ ôhârêtvâ kâsâyâni vatthâni atchichâdetvâ agârasmâ anagâriyam pabbadjdjitô.

« Le Samaṇa Gôtamide, après avoir abandonné une grande foule de parents, s’est fait mendiant. Oui, certes, le Samaṇa Gôtamide, après avoir abandonné une grande masse d’or et de suvannas (pièces d’or), s’est fait mendiant. Et ce bruit pénétra sous la terre et se tint suspendu dans les airs. Oui, certes, le Samaṇa Gôtamide, étant tout jeune, ayant les cheveux très-noirs, doué d’une heureuse jeunesse, étant à la fleur de l’âge, est sorti de la maison pour adopter la vie de mendiant. Oui, certes, le Samaṇa Gôtamide, à la vue de ses père et mère qui consentaient et ne consentaient pas, qui gémissaient, la face inondée de larmes, ayant rasé sa chevelure et sa barbe et revêtu des vêtements de couleur jaune, a quitté la maison pour adopter la vie de mendiant[2]. »

La partie importante de ce texte est en sanscrit : agârâd anagârikâm pravradjitaḥ, et en pâli : agârasmâ anagâriyam̃ pabhadjdjitô ; elle signifie littéralement : « de la maison, devenu mendiant, dans l’état de ne pas avoir de maison. » Cette formule s’applique non-seulement à Çâkya le Gôtamide, mais à tout homme quittant le monde pour entrer dans la vie religieuse[3]. La présence de cette formule dans l’une et l’autre collection des textes buddhiques indiens prouve à la fois son ancienneté et son authenticité.

3. Je vais citer deux passages relatifs à la manière dont Çâkyamuni se débarrassa de

  1. Pûrṇa, dans Divy. avad. f. 17 a.
  2. Sôṇadaṇḍa, dans Dîgh. nik. f. 29 b ; Kûṭadanta, ibid. f. 33 b.
  3. Dîgha-nikâya, f. 16 a ; Subha sutta, ibid. f. 49 b : Têvidjdja sutta, ibid. f. 63 b.