Page:Caro - George Sand, 1887.djvu/133

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démocratique, le maître de l’Assommoir et de Germinal, jusqu’à l’avènement nouveau de Paul Bourget et de Guy de Maupassant, l’un psychologue raffiné et souffrant « du mal de la vie », l’autre doué d’un humour naturel et d’un style de race qui dissimulent mal un fond effrayant de mépris pour l’homme, peut-être même, si l’on pénètre plus loin, une tristesse presque tragique. En réalité, peut-on dire que chacun de ces noms représente une école ? Assurément non ; ce qu’il faut y voir, ce sont des diversités d’esprits à l’infini, dont chacun s’attribue l’initiative et la souveraineté d’un genre nouveau ; il y a des variations de genres d’un esprit à un autre, comme, à certains moments, il y a des variations du goût dans l’esprit public. Les modes n’ont qu’un temps ; elles se succèdent les unes aux autres sans se détruire et même sans se remplacer, par une sorte de rythme régulier. Nul ne peut dire de quel côté ira la génération prochaine, quand on sera fatigué des excès de l’observation brutale. Ce sera peut-être l’occasion de revenir à George Sand, trop délaissée un instant par une époque exclusivement positive, amoureuse des faits plus que des idées, éprise de méthodes expérimentales là même où elles n’ont que faire, et défiante des belles chimères. Et déjà paraissent chez des esprits en éveil des symptômes d’une réaction vers la créatrice de tant de beaux romans.

George Sand était portée, par son tempérament d’esprit, à la conception d’aventures plus ou moins