Page:Caro - George Sand, 1887.djvu/169

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n’effleura son aile, amie du grand vol et de la lumière.

Nous ne raconterons pas la fin de l’histoire, dont on peut voir la contre-partie dans Elle et Lui. Elle est triste dans les deux récits ; elle l’avait été dans la réalité, et tout le monde la sait à peu près, ce qui suffit. C’est affaire à la chronique d’entrer dans ce genre d’intimité, bien au delà de ce qui est nécessaire. Nous avons voulu seulement marquer, sans insister, la place d’une première George Sand, très prompte à se prendre et aussi à se déprendre, mettant tout son enjeu dans une passion, l’y perdant en belle joueuse, guérissant de chaque passion, mais non du jeu lui-même, apportant en ces diverses tentatives une sorte de naïveté incorrigible et de bonté facile, mêlant à ces cultes changeants des cultes épisodiques pour tel art ou telle science, la poésie avec l’un, la musique avec l’autre, la philosophie avec un troisième. C’est celle dont l’image s’est imposée à l’esprit de ses contemporains, dans l’ivresse de la jeunesse et des premiers triomphes, celle qui vivait tantôt en étudiant ou en artiste, tantôt en pèlerin, sous des habits d’homme, dans le quartier Latin ou sur toutes les routes de l’Europe et particulièrement sur les grands chemins de la bohème et autres pays imaginaires, abandonnant sa vie aux hasards des bons ou des mauvais gîtes, à la camaraderie des voyageurs de rencontre, dont elle illumine un instant le personnage des feux de son imagination, dont elle partage ou subit l’aventureuse hospitalité, les étranges