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Page:Cazals - Le Jardin des ronces, 1902.djvu/20

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xiv
préface

Il fallait bien cesser d’être un monstre !

Et je sais de récentes œuvres de lui, le portrait de l’auteur d’Ubu roi, par exemple, qui portent assez haut sa compréhension, naïve et forte, de l’effroyable mélancolie des monstres obligés au déguisement.

Ce fut Cazals qui me présenta Paul Verlaine pour la première fois. Un Verlaine douloureux, boitant en archange foudroyé, et fait comme un voleur.

Lui et moi nous gardons, dans l’ombre de nos âmes, la vision de ce Verlaine. Ni lui, ni moi, nous ne pouvons l’oublier.

Nous le préférons au Verlaine officiel, créé, depuis, par les braves gens scrupuleux.

Nous le préférons, avec sérénité, sans nous occuper des médisances.

Et c’est à la tombe de celui-ci que nous portons des fleurs…

Je vois encore le jeune Cazals de jadis arrivant chez moi, rue des Écoles : « M. Verlaine est en bas, dans un fiacre, son propriétaire l’a mis à la porte et il a mal à une jambe. »

Qu’on s’imagine un lecteur des Fêtes galantes et de Sagesse glissant, de l’apothéose des rimes, à un fait divers du Petit Journal !

On a rêvé, en le silence vertigineux de la lecture, de quelque roi d’Orient… et l’on voit s’avancer un homme ayant la tournure d’un ouvrier triste !

… Et, cependant, de tout bousculer pour le mieux recevoir, de ranger les meubles, de tirer les tapis, de sortir de l’armoire les draps brodés, de répandre des