Page:Cloutier - Propos japonais.pdf/101

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
84
PROPOS JAPONAIS

longue que nous dûmes marcher deux heures environ, avant d’arriver au bout. Mais comme il faisait bon aller ainsi dans le frais du matin, qui pénétrait nos habits d’une légère moiteur et nous rendait par là plus alertes. En somme, cette route nous parut courte.

De chaque côté de la voie, c’était partout de vastes champs qui regorgeaient de céréales déjà hautes. Il y avait des rizières avec leurs canaux d’irrigation et leurs plans à des niveaux différents. Il y avait aussi de magnifiques carrés de blé, d’avoine et d’orge ; car on en cultive beaucoup dans le Hokkaido, où la terre est plus propice que dans le sud pour ces sortes de céréales. Il y avait encore en abondance des légumes de toutes espèces et de toutes variétés, si bien que j’avais presque l’illusion de traverser une de nos plantureuses campagnes canadiennes. Il n’y a pas jusqu’aux maisons qui sont également disposées à peu près comme au Canada, je veux dire postées sur le bord du chemin, à petite distance les unes des autres. Seulement, celles-ci n’ont pas cet air de coquetterie, de propreté et de bien-être, qui fait le charme et la vie de nos routes québécoises. Au contraire, ces maisons sont plutôt misérables : construites en planches jamais rabotées, elles ne connaissent ni les tons chatoyants de la peinture, ni même la blancheur immaculée de la chaux.

Nous avions déterminé, qu’à chaque heure de marche, nous devions faire une petite halte de cinq minutes, et qu’au bout de la quatrième heure, nous prendrions une petite collation. À sept heures donc, nous nous arrêtâmes. Nous en étions à gravir une haute colline, encore toute garnie d’arbres. Or il y avait là, à l’orée du bois, un petit temple shintoïste avec son invariable torii