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HIROSHIMA

dressé tout au bord du chemin. Le torii est une sorte de portique, formé de deux colonnes surmontées de deux traverses horizontales, et placé à l’entrée des temples shintoïstes[1]. Il ne fait pas partie intégrante de l’édifice ; au contraire, il en est toujours éloigné d’une petite distance et encadre l’entrée de l’avenue qui mène au temple. Il joue à peu près le rôle d’un arc de triomphe, qu’on laisserait en permanence. On en voit partout de ces torii au Japon, non seulement en ville, à l’entrée des ; grands temples, mais aussi dans les villages et les bois de la campagne, et tout particulièrement dans la solitude de la forêt, sur le flanc des montagnes. Ils indiquent, que, tout près de là, il y a un petit temple rustique où résident les esprits et jettent quelque chose de mystérieux dans toute la nature environnante. Ils évoquent, chez les fidèles qui les regardent de loin, un vague sentiment de crainte et de respect et, en un sens, on peut dire qu’ils leur tiennent lieu de nos croix de chemin, au Canada.

Après vingt minutes de repos, nous reprîmes notre marche. Il y avait déjà longtemps que le soleil était levé. Il montait alors rapidement au bord de l’horizon, jouant à cache-cache derrière de petits nuages bourrus qui, de leur côté, semblaient s’évertuer à vouloir voiler ses rayons. Le spectacle n’en était que plus magnifique. Ainsi gracieusement tamisés par ces nuages, les rayons flamboyants du soleil prenaient successivement les couleurs les plus variées et les plus resplendissantes : on eût dit une verrière de cathédrale.

  1. Cette forme, décrite ici par l’auteur, est la forme d’une antique lettre chinoise, empruntée par les Japonais, et qui signifie précisément Shintoïsme.