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PROPOS JAPONAIS

pas encore bien disposés à recevoir le bienfait de la foi.

Dans l’après-midi, nous fîmes une petite promenade dans les environs, accompagnés ou plutôt conduits par le missionnaire de l’endroit. Nous nous proposions de gravir une montagne qui s’élève tout près de là, mais une petite pluie fine qui menaçait de durer longtemps nous fit renoncer à notre projet. Nous nous contentâmes de nous engager dans un ravin, non loin d’une rivière qui traverse le village, et va serpentant follement dans la plaine. Dans ce ravin nous trouvâmes trois ou quatre cavernes creusées dans la terre. Il est certain que ces cavernes sont l’œuvre des Ainos, qui habitaient aussi Hiroshima, autrefois. Mais quelle fut la destination de ces cavernes, on l’ignore. Il ne semble pas qu’elles aient servi de demeures, car les Ainos vivent d’ordinaire sous des huttes. On pense plutôt que ce furent des espèces de fours pour fabriquer le charbon de bois : des parties calcinées que l’on remarque dans un ou deux de ces trous nous inclinent à le croire.

Bientôt la pluie cessa et la soirée fut assez belle. La lune, toute ronde, était posée, comme un miroir d’argent, sur un nuage pâle et laineux, qui semblait trouver le fardeau léger. Tout autour, des étoiles piquées dans l’azur du firmament comme des jeunes plants de riz, dans le carré d’une rizière. Le temps était frais, et il faisait bon à l’excès veiller dehors ce soir-là.

Cependant nous nous couchâmes assez tôt, afin de nous lever au milieu de la nuit et de reprendre notre route pour Sapporo. Nous quittâmes donc Hiroshima le lendemain, à 3 heures du matin et, après une marche un peu plus pénible cette fois, nous rentrâmes dans la ville, fatigués mais contents.