Page:Cloutier - Propos japonais.pdf/110

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lement courent un danger commun, dans la pensée officielle. Le socialisme dans le monde entier a déjà fait tant de ravages et accumulé tant de ruines, qu’il devait forcément faire pénétrer ses idées dissolvantes même parmi les adorateurs du Mikado.

De là un grave danger qu’il faut absolument conjurer. Or, la mentalité officielle ne croit pas pouvoir mieux faire que de rappeler à la nation la filiation divine de son souverain, la réelle paternité de celui-ci, vis-à-vis de son peuple, et, en ces derniers temps, par l’octroi magnifique des plus grandes libertés et des plus sages institutions, d’exiger en retour une vénération nationale, digne de son origine et de sa munificence.

Tels sont les soucis qui inquiètent actuellement la pensée officielle au Japon et la déterminent à l’exécution probable d’un projet totalement incompatible avec le catholicisme.

Du reste, si l’on note certains faits, on n’a plus de doutes sur la position critique du catholicisme en ce pays. Qu’on remarque, par exemple, certaines déclarations publiques ou certaines mesures des fonctionnaires et des instituteurs officiels !

Des déclarations récentes ont été prononcées publiquement, qui portent le caractère d’une évidente hostilité. Déjà, en 1893, le Dr Inouye Tetsujiro affirmait que la morale japonaise ne comporte que deux vertus : la fidélité à l’empereur et la piété filiale ; et il ajoutait qu’un vrai patriote ne saurait être à la fois chrétien et japonais.