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Un autre, en 1906 (le Dr Kato Kiroyubei) assurait que le christianisme, ne reconnaissant qu’un seul vrai Dieu et le plaçant au-dessus de l’empereur, est une doctrine injurieuse pour le Mikado et absolument incompatible avec la constitution nationale.

En 1916, une revue de Tokyô, le Dai Kokumin va plus loin encore. « Le christianisme, y lit-on, est une secte perverse et antipatriotique, qu’il faut nécessairement exterminer tout de suite, de peur d’avoir à s’en repentir plus tard. Aussi, notre intention est-elle de cribler de traits aigus et d’expulser ces chrétiens insolents et rebelles. »

L’étrange conduite des fonctionnaires révèle aussi la même hostilité et le même objectif. Leur intransigeance est catégorique et inflexible, lorsqu’il s’agit des contributions nationales, même si le caractère en est nettement shintoïste, comme le cas s’est présenté, par exemple, pour les fêtes religieuses du couronnement impérial et pour la construction d’un temple en l’honneur de l’empereur Meiji. Il est vrai que leur manque de tact est d’ordinaire réprouvé par l’autorité supérieure. Mais cette fin de non-recevoir est une mesure systématiquement étudiée pour donner le change. Au fond, ces fonctionnaires n’agissent que sur des instructions autorisées, dont le programme consiste précisément à préparer peu à peu l’opinion publique, avant d’imposer légalement ce culte national, en principe déjà établi.

Mais c’est surtout dans les écoles que la pression se fait avec le plus d’excès. Les instituteurs y remplissent la tête de leurs élèves des fabuleuses légendes qui font descendre l’empereur du soleil et le placent au rang des dieux. En certains endroits on a été plus fanatique