Page:Cloutier - Propos japonais.pdf/116

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment au nom de la science. C’est ainsi, qu’en 1906, selon le rapport du P. Lemoine, dans les Mélanges Japonais de janvier 1907, on pouvait lire dans le Jidai Shichô : « Là où cette indépendance n’existait pas, vit-on jamais un mouvement intellectuel naître et se développer ? Descartes, Bacon, Kant, Hegel furent des indépendants ; il en fut de même dans un ordre supérieur, de Shaka, du Christ, de Confucius et de Laotseu. En général, on peut affirmer que quiconque n’a pas le courage de l’indépendance en matière de foi, de principes ou d’idées, n’a chance d’aboutir à rien. La peur de l’indépendance condamne ses victimes à la servilité des idées et du caractère. S’affliger de voir l’esprit d’indépendance s’affirmer et vouloir contrarier son essor, c’est vouloir revenir à la discipline autoritaire du moyen âge et s’opposer au progrès. »

Déjà on devine un peu ce qu’une telle formation a pu produire en fait d’idées sur le besoin et le choix d’une religion.

Sur le besoin d’une religion cependant, un moment, les opinions furent partagées. Quelques-uns même ont vu très juste ; par exemple, le baron Kiyoura Keigo, dans le Taikeiyô (vol v, No 5) : « À l’heure actuelle, dit-il, où les éducateurs ont tant de sujets d’inquiétude, il n’y a rien en dehors de l’influence religieuse qui puisse remédier au mal. Tant qu’il n’existe pas chez les individus un fonds de principes pour servir de base à la conduite, celle-ci est exposée à des lacunes regrettables. Il importe donc souverainement que l’on nourrisse, dès sa jeunesse, des sentiments religieux à l’égard de la divinité et qu’on s’habitue à diriger sa vie d’après ces sentiments. Parvenu à la vieillesse, on n’aura pas lieu de s’en repentir. »