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Il ne faut pas hésiter à le dire, la classe populaire (les paysans, les artisans, les soldats, les femmes) est encore aussi pénétrée qu’autrefois des vieilles croyances shintoïstes et bouddhistes. On peut en juger par l’éclat encore grand du culte extérieur et par le prestige incroyable des superstitions.

Le peuple participe toujours en grand nombre à l’éclat du culte extérieur. Ce sont d’abord les visites aux temples célèbres du Japon, comme celui de Kizuki, en Izumo, qui réunit chaque année 250 000 fidèles, ou celui d’Isé qui en compte jusqu’à 500 000. Il est vrai que dans le Hokkaido on ne voit jamais d’aussi grandes foules aux temples. La raison en est que cette île étant un pays de colonisation, ceux qui sont venus l’habiter, en quittant leur pays d’origine, se sont trouvés comme détachés de leurs traditions religieuses de famille. De plus, arrivés dans leur nouvelle terre d’adoption, ne trouvant pas toujours à proximité un temple de leur secte, absorbés en outre par l’appât d’un gain facile, ils ont, en grand nombre, à peu près perdu leur dévotion ancestrale envers les temples.

Les pèlerinages à la cime des monts sont toujours très chers à la piété japonaise. Chaque été, une quinzaine de mille font l’ascension du Fuji, pour y adorer le soleil créateur du monde. Près d’un million, chaque année, n’hésitent pas à marcher péniblement pendant trois jours, pour arriver jusqu’au sommet de la plus haute montagne de Shikoku.

Les fêtes, depuis celles du dieu protecteur des districts jusqu’à celle du renard, sont toujours célébrées avec autant d’éclat et de tapage qu’autrefois ; et on ne craint pas, en ces occasions, de dépenser follement son argent.