Page:Cloutier - Propos japonais.pdf/124

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lorsqu’ils ont quitté l’école, ils ont bien autre chose à faire qu’à s’occuper d’une question qui leur a toujours parue oiseuse.

Ainsi la renaissance du shintoïsme et l’établissement de l’école athée ont contribué à abaisser profondément le niveau religieux dans la nouvelle génération. L’une l’a arrachée à la formation bouddhique, qui lui rappelait quelque peu les lois de la religion naturelle, et l’autre la maintient à l’écart de toute influence religieuse quelconque. De là le plus navrant des résultats.

En somme la mentalité religieuse au Japon est des plus lamentables. « Au Japon, a dit le P. Dalhman (Christus p. 283) le cœur des sages s’ouvre à toute espèce de doctrines religieuses. On dirait qu’il leur manque le sens profond et l’intelligence de la seule religion capable d’élever l’humanité du polythéisme à la pure connaissance de la divinité. Leur position vis-à-vis du christianisme rappelle involontairement celle de Tacite. Il ne pouvait échapper au regard perçant de l’incorruptible homme d’État romain que l’antique polythéisme courait à sa ruine. Il voyait même toute religion minée et cherchait le salut. Ce qu’il cherchait était là. L’orgueil romain lui ferma les yeux. Il ne vit dans l’empire grandissant du Christ qu’une méprisable superstition de gens du bas peuple. Il n’est pas rare de voir des personnages les plus distingués du Japon prendre le même scandale de la religion chrétienne et des hautes destinées auxquelles elle prétend. Témoins du redoutable travail de destruction auquel se livre l’incrédulité