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Le shintoïsme n’est que le culte des ancêtres, pour lequel il y a des prêtres, certains sacrifices, rites, prières, purifications et autres cérémonies de cette nature. Mais à l’encontre du bouddhisme japonais, il n’enseigne rien sur l’au-delà, ne comporte ni ciel ni enfer, et ne possède pas de commandements moraux. Cette simplicité ou plutôt ce dénûment, ce vide du shintoïsme, non seulement n’offre aucun appui à la croyance, aucune consolation à la piété, mais encore ne donne aucune direction pratique pour la vie morale.

Or c’est de cette singulière religion que la révolution de 1868 a obtenu la reconnaissance et consacré le triomphe. « Des mesures générales, écrit le P. Dalhman (Christus p. 212), furent prises pour supplanter le bouddhisme par le culte du Shinto : sur l’ordre du gouvernement, on transforma des temples bouddhiques en temples shintoïstes ; dans de célèbres lieux de pèlerinages bouddhiques, les bonzes du Boudha durent céder la place aux bonzes du Shinto. » Enfin, à côté du shintoïsme comme religion, on a créé le shintoïsme d’État, soi-disant dépourvu de tout caractère religieux, en tout cas, encore plus vide et plus superficiel que le vrai shintoïsme.

L’école athée donna le dernier coup. À l’école, la jeunesse n’apprend que du naturel, que du matériel. D’abord beaucoup pour le corps : de l’athlétisme, du sport, des jeux qui consument une grande partie du temps, tellement que l’on se demande s’il en reste assez pour donner ce qu’il faut à l’intelligence. Tandis que pour l’âme, on n’accorde rien : l’éducation religieuse est strictement exclue de l’école.

Le résultat inévitable, c’est que les élèves croient tout naturellement que la religion n’est pas nécessaire. Aussi,