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FÊTE SHINTOÏSTE

Le transport des dieux dans la ville se fait ordinairement le premier soir de la fête. Il peut paraître étrange qu’il faille ainsi apporter les dieux dans la ville. Il en est cependant ainsi. Les temples shintoïstes, aussi bien que les temples bouddhistes, sont toujours construits en dehors des villes ou des villages auxquels ils sont destinés. De plus, les temples shintoïstes sont souvent tout à fait solitaires : leurs prêtres, appelés kannushi, n’habitent jamais tout à côté, comme font les bonzes.

Il faut donc aller là, chercher les dieux, pour les conduire ensuite en procession. La foule se rend au temple, et là, a lieu une cérémonie des plus étranges : les kannushi, déjà arrivés avant le peuple, y reçoivent les offrandes des fidèles, en échange desquelles ils distribuent le sake, ainsi que des mochi qui, prétend-on, en cette circonstance, ont la vertu de guérir de toutes sortes de maux. Cette cérémonie s’appelle le yomyâ, c’est-à-dire la cérémonie du temple nocturne.

Après avoir ainsi fait boire et manger ceux qui veulent les payer, les prêtres organisent le départ des dieux pour la cité. Les dieux shintoïstes sont les esprits des ancêtres qu’on croit enfermés dans une grande châsse portative, appelée mikoshi. Ce mikoshi ne contient pas autre chose, sauf les papiers superstitieux dont il est orné à l’intérieur comme à l’extérieur.

À Tôkyô cependant, on place aussi dans le mikoshi les trois objets sacrés du shintoïsme : un miroir (Yata no kagami), une épée (ama no murakumo no tsurugi) et une pierre précieuse (yasakani no magatana). Ces objets auraient, d’après la légende, été donnés par le premier ancêtre impérial, la « grande déesse du soleil », appelée Amaterasu ômikamî, à son petit fils, le dieu Ama-