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LE CULTE DES MORTS

bonheur des dieux. « Mais répondit le bonze, si j’avais le malheur de dire que le mort est allé en enfer, je ne recevrais pas un sou après les funérailles ! » On voit donc le rôle important que tient l’argent dans l’enseignement des bonzes.

La dernière cérémonie a lieu à l’endroit même, de la sépulture. À l’entrée des cimetières il y a presque toujours une bonzerie, chargée de l’entretien des tombeaux ; et quand la bonzerie est assez considérable, on peut voir, à l’intérieur de son enclos, un petit kiosque abritant une grosse cloche fixe, que l’on frappe en certaines circonstances, au moyen d’une poutre. Cette poutre, placée tout à côté de la cloche, est suspendue par ses deux bouts, dans la position horizontale, de telle façon que, si on la balance tant soit peu au moyen d’une corde, elle donne d’un de ses bouts contre la cloche.

Lorsque la procession funèbre, après avoir assisté à la cérémonie du temple et s’être remise en marche dans le même ordre qu’auparavant, s’approche du cimetière, on voit parfois un vieux serviteur de bonzerie monter sur le kiosque et sonner ainsi cette grosse cloche. Ce sont des coups distants et mélancoliques qui font penser au glas funèbre de nos églises, en pays catholique.

La cérémonie qui s’accomplit au cimetière n’est pas bien longue. Le bonze asperge la tombe d’une eau quelconque, récite encore des prières et les assistants y brûlent des bâtons d’encens. Enfin, le cercueil est descendu dans la fosse, à moins que les parents aient décidé qu’on brûle le corps du défunt. Dans ce cas, le cercueil est confié aux soins d’un employé chargé de la crémation, et les assistants reprennent le chemin de leur demeure.