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PROPOS JAPONAIS

supplication faite aux Kami, implorant pour le défunt le bonheur éternel. Pendant le discours, les autres kanmushi écoutent d’une façon distraite, peut-être pour ne pas rire, la multitude des mensonges hypocrites de l’orateur ; quelques-uns s’assoient, croisent les jambes et fument placidement la cigarette. Voyez donc d’ici le spectacle : un prêtre revêtu des ornements et de tous les insignes de sa dignité, se mettant à fumer la cigarette en plein milieu d’une cérémonie religieuse. Mais parmi les païens, ceci n’a rien d’étrange : personne même ne paraît le remarquer, sinon les profanes tels que les missionnaires étrangers, par exemple !…

Le discours fini, les parents et les amis du défunt déposent devant le cercueil des branches d’arbre ainsi que des hei, morceaux de papier ou d’étoffe, semblables à ceux qu’on offre aux Kami dans les mûya.

Voilà pour la cérémonie faite au foyer du défunt ; l’autre cérémonie s’accomplit au cimetière, car les shintoïstes ne font pas entrer le corps d’un défunt au temple : ce serait, pense-t-on, une souillure pour la demeure des Kami.

Cette cérémonie est encore beaucoup plus simple et plus courte que la première. Arrivé au cimetière, on introduit le cercueil dans un bâtiment destiné à cet effet. Alors un des kanmushi fait le harai, qui consiste à chasser les mauvais esprits du défunt et à le purifier des souillures de son âme. Le kanmushi se sert à cet effet d’un gohei, dont il frotte légèrement le corps du défunt. Ensuite il récite quelques prières pour appeler le secours des dieux sur l’âme du défunt. C’est là le dernier article au programme ; la cérémonie des funérailles est terminée.