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PROPOS JAPONAIS

taine autorité confiée à un chef de groupe qui remplissait à la fois les fonctions de catéchiste, de baptiseur et de surveillant. Les divers groupes formaient ainsi les petites sociétés, dont la parfaite union et la prodigieuse vitalité furent à même de perpétuer à travers les siècles une tradition ininterrompue, jusqu’au jour où il fut donné de voir briller sur le sol du Japon une aurore nouvelle.

Rien n’est touchant comme l’apparition et la progression de cette aurore !

C’est en 1844. Plus de deux siècles s’étaient donc écoulés depuis que le Japon s’était enfermé dans un farouche isolement. Or cette année-là, le Père Forcade, des Missions Étrangères, accompagné d’un catéchiste chinois, débarqua à Okinawa, sous la protection du drapeau français. Il fut tellement surveillé par la police japonaise, que son existence était moins celle d’un missionnaire, que celle d’un prisonnier. Nommé en 1848, premier vicaire apostolique du Japon, il y demeura encore six ans, au bout desquels, pour cause de maladie et de tristesse, il dut rentrer en France, sans avoir pu réaliser ses espérances. Cependant, en 1858, la France ayant obtenu libre accès aux trois ports de Yokohama, Nagasaki et Hakodate, les missionnaires s’empressèrent d’y pénétrer aussi, et, à la fin de 1864, ils construisaient leur petite église, connue sous le nom de Chapelle des Vingt-six Martyrs.

Cette chapelle est aussi appelée Chapelle de la Découverte, parce que c’est dans ses murs que l’on constata la survivance du christianisme au Japon.